« Crampes aux mollets. Pesée. Contrôler le potassium dans le sang. Ne pas renverser le plateau-repas. Le répugnant plateau-repas. Trop de féculents. Je déteste. Accepter une cuillerée de haricots, de jambon, de yaourt. Mâcher et remâcher. Revoir le psy. Lui dire que je souffre ? Que ma tête est comme séparée de mon corps ? Il doit me prendre pour une folle. C’est plus fort que moi : ranger, ordonner, nettoyer. Ranger, ordonner, nettoyer. Refus de la bouffe. On me dit : « Il faut prendre du poids ». Arrêtez de m’engraisser ! C’est dégoûtant. Pesée. Toujours plus loin. Contrôler. Faites que les chiffres de la balance ne montent pas trop vite. J’ai peur. Sonde gastrique. Gingivite. Perte des cheveux. Stries sur les dents. Prendre le pouls, la tension. Encore tricher. »
Anton aime Audrey et voudrait la sauver de l’anorexie qui la guette. Ils vivent dans le même quartier de Belleville, mais dans deux univers différents. Le père d’Anton conduit le métro. La mère d’Audrey est reporter pour le journal télévisé.
Au fil des haïkus rédigés par la jeune fille, se tisse l’histoire improbable d’un garçon de 16 ans en difficulté scolaire et d’une brillante élève en mal d’identité. Surpasseront-ils leurs différences ?
Deux voix. Deux personnages. A chacun sa vision du monde.