Garbo n’a plus le sourire

 «  Il y a eu le kiosque à musique… Sur l’estrade, une vingtaine de femmes exhibées… Une foule haineuse, se moque, injurie, crache sur ces femmes… D’abord… D’abord je ne comprenais pas quand… Le gendarme me traîne vers l’infirmière… Son visage sans pitié… Et puis je vois ses ciseaux… Alors je sais… »

Eté 1944. Une cabane de projection. Quelques mois avant la Libération de Bruxelles.

Louis, 50 ans, projectionniste au Pathé Palace, rencontre la jeune Jeanne, ouvreuse dans ce même cinéma. La guerre et l’occupation font partie de sa vie quotidienne mais ne l’empêchent pas de cultiver son rêve d’être actrice. Louis taciturne, dissimule un lourd secret. Comment ces deux êtres que tout oppose vont-ils réussir à s’apprivoiser ?

Une histoire désenchantée sur fond de guerre qui s’achève avec son cortège de blessures difficiles à cicatriser.

Théâtre Royale du Parc, Bruxelles, 2010.

Avec : Michel Kacenelenbogen, Claire Tefnin, Jean-Jean-Marc Delhausse, Steve Driessen.- Mise en scène : Véronique Biefnot.

La pièce est publiée aux éditions Lansman, 2010.

« … L’écriture de Vinciane Moeschler offre un bon terreau aux comédiens : Claire Tefnin (Jeanne) et Michel Kacelenbogen (Louis), le pétrissent avec une justesse attachante. Partis sur les rails opposés – elle est jeune, volubile, il a vécu, il est amer, – leurs trajectoire vont se rapprocher, s’imbriquer. Mais la joie de vivre de la jeune femme se cognera au versant noir de la libération (belle évolution de Claire Tefnin) Leurs duos sont parmi les plus belles scènes… Quant au titre, Garbo n’a plus le sourire, il ressemble à un message codé de la radio de la France libre : Les Français parlent aux Français, mais il peut aussi se lire en métaphore allusive au retour parlant de Garbo dans le film Ninotchka salué par un Garbo qui rit alors que le rêve d’actrice de Jeanne est fracassé par l’épuration. » Le Soir